Normes et approches de l’erreur: [ Master1] --1ère Partie--
La norme:
Cependant, tout en reconnaissant l'existence de plusieurs normes linguistiques, force est de constater que dans son usage habituel, ce terme désigne une variété de langue qui, à un moment donné, s'impose et est imposée par tout un appareil prescriptif comme la langue de référence à laquelle doivent se mesurer tous les comportements. C'est la langue correcte, le bon usage selon le titre du plus célèbre ouvrage de référence pour le français — qui par définition classe toutes les autres formes possibles dans le domaine des fautes et erreurs ou, pour employer un terme plus récent, dans le non-standard. Il s'agit donc d'un code normalisé de règles impératives définissant le bon et le mauvais en matière de prononciation, de grammaire, d'orthographe et de style.
De ce que la norme représente une sélection parmi les formes réelles ou possibles, il faut conclure à l'arbitraire linguistique de cette norme. D'autant que l'histoire de la norme dans toutes les langues révèle combien, d'une époque à une autre, son contenu — l'orthographe par exemple — peut évoluer. Mais la norme est dominante à toute époque et s'impose aux usagers concernés avec toute la force d'une loi fondée dans l'ordre naturel.
Pour rendre compte à la fois de l'existence d'une norme linguistique socialement dominante et de l'hétérogénéité systématique des comportements linguistiques, il convient de faire la distinction entre normes explicites et normes implicites. La norme explicite comprend cet ensemble de formes linguistiques ayant fait l'objet d'une tradition d'élaboration, de codification et de prescription. Elle se constitue selon des processus sociohistoriques dont nous verrons quelques grandes lignes plus bas. Codifiée et consacrée dans un appareil de référence, cette norme est socialement dominante en ce sens qu'elle s'impose comme l'idéal à respecter dans les circonstances qui appellent un usage réfléchi ou contrôlé de la langue, c'est-à-dire dans les usages officiels, dans la presse écrite et audiovisuelle, dans le système d'enseignement et dans l'administration publique.
Quant aux normes implicites, il s'agit de ces formes qui, pour être rarement l'objet d'une réflexion consciente ou d'un effort de codification, ne représentent pas moins les usages concrets par lesquels l'individu se présente dans sa société immédiate. Bien entendu, il s'agit surtout de la langue orale et de ce fait ce type de norme n'a pas la rigidité d'un code écrit.
La première conséquence de cette distinction entre norme explicite et norme implicite est de proposer une conception de la variation linguistique, non pas comme une série d'écarts par rapport à une seule norme mais comme l'expression possible non seulement de processus historiques de différenciation linguistique, mais aussi de la fonction de la langue en tant que moyen privilégié d'interaction sociale. Deuxièmement, la notion opératoire de norme implicite nous incite à voir dans le comportement linguistique une manifestation de normes sociales qui sont à la base de la vie sociale. C'est-à-dire que malgré une réelle liberté face à leur langue, les gens ne parlent pas au hasard et que leurs usages peuvent être compris et expliqués tant par l'examen de l'histoire de la langue que par l'insertion sociale des locuteurs.
En proposant la distinction entre norme implicite et norme explicite, nous avons essayé de rendre compte de cette réalité évidente entre le normal et le normatif, entre le réel et l'idéal du comportement linguistique. Dans cette perspective, tout comportement est réglé par des normes; il n'existe pas une seule norme en dehors de laquelle tout autre comportement serait automatiquement fautif. Tout au contraire, le réel linguistique, aussi différent qu'il puisse être de certain code, n'en répond pas moins à des contraintes linguistiques et sociales que l'on peut observer et analyser. C'est ce que fait la linguistique depuis le début du siècle, qui laisse le problème de la correction de la langue aux grammairiens et aux professeurs de langue.
L'existence ou la coexistence en matière de langue de deux univers de règles qui se chevauchent renvoie en fait à un phénomène plus général dans le comportement humain des rapports entre le réel et l'idéal, l'inconscient et le conscient, de telle sorte que la diversité du comportement linguistique rappelle également la diversité du comportement humain en général. Puisque la langue peut servir de moyen d'interaction sociale, il est tout à fait normal que certaines de ses structures soient investies de fonctions symboliques dont nous avons esquissé des éléments ici. Du point de vue de la science linguistique, et vraisemblablement du point de vue des locuteurs, les règles de la norme explicite, tout en étant des règles particulières puisqu'elles bénéficient d'une légitimité et d'une hégémonie sociales, sont en fait des règles parmi d'autres. Les distinctions entre les univers ou les champs d'application des règles ne se font nullement sur des critères linguistiques mais sur les bases du jeu des normes sociales.
Erreur vs faute:
De nos jours, surtout avec l’apparition de l’approche communicative, la didactique de langues à revalorisé la capacité d’écriture. Elle reconnaît son importance et sa valeur formative. En didactique des langues, le plus important est la transmission du message. C’est pour cela que l’écriture est très importante parce qu’à l’oral on peut transmettre un message seulement avec un mot ou avec des gestes et au contraire à l’écrit il faut savoir formuler des phrases logiques et grammaticalement correctes. Cette situation nécessite l’analyse d’erreurs commises par les élèves dans leurs productions écrites pour essayer d’améliorer et surtout de les remédier.
Etymologiquement, « faute » vient du mot latin fallita, de « fallere = tromper »; la faute est considérée comme « le fait de manquer, d’être moins » (Le petit Robert, 1985 :763) En didactique des langues étrangères les fautes correspondent à des erreurs de type (lapsus) inattention/fatigue, que l’apprenant peut corriger. Par exemple si l’apprenant oublie des marques de pluriel, alors que le mécanisme est maîtrisé.
La faute remonte à la bible, elle est le seuil du texte biblique, et pour cela elle est présente dans la culture de plusieurs civilisations. La faute dans son origine est unie au péché, à la culpabilité et aux choses mal faites.
Pour faire une distinction entre la faute et l´erreur, je vais prendre la culture judéo-chrétienne, dans cette culture la différence est que la faute a un caractère volontaire. La personne sait qu’elle ne peut pas faire une chose mais de toute façon elle le fait.
Au contraire, le terme « erreur » est beaucoup plus neutre, culturellement il est moins marqué. C’est pour cela que les pédagogues vont utiliser ce terme. Au sens étymologique le terme « erreur » qui vient du verbe latin error, de errare, est considéré comme « un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement ; jugement, faits psychiques qui en résultent » (Le Petit Robert, 1985 : 684); « un jugement contraire à la vérité » (Le petit Larousse illustré, 1972 : 390).
En didactique des langues étrangères, les erreurs « relèvent d’une méconnaissance de la règle de fonctionnement. Il est donc évident qu’elles sont bien différentes des fautes. Un exemple d’erreur peut-être accorder le pluriel de “cheval” en chevals lorsqu´on ignore qu´il s'agit d´un pluriel irrégulier”. Alors cela indique une méconnaissance de la règle comme on a dit déjà.
Finalement il faut dire qu’en didactique des langues étrangères, les concepts d’erreur et de faute ne sont pas suffisamment distincts l’un de l’autre, mais il faut dire aussi que pendant longtemps les didacticiens ont utilisé le terme « faute » péjorativement, pour sa connotation religieuse. C’est pourquoi l’erreur est plus neutre dans ce contexte.
Dr CHERIF HOSNI Fatna, U. de – Djelfa – 2021/2022
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